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Li Ann ou le Tropique des Chimères, roman de Patryck Froissart
6 octobre 2019

La nuit des djinns (extrait du roman La More dans l'âme)

La More dans l'âme, extrait:

La nuit des djinns
Jean écrasa dans le sable le mégot de sa dernière cigarette et se cala en chien de fusil dans la position la plus propice à son endormissement.

Au centre de la nuit, tombant des zones zénithales du firmament d’encre qui scintillait de myriades de minuscules cristaux, une brise à la fleur d’oranger s’insinua sous son capuce, et de doux effleurements défrisèrent son prépuce.

Des chuchotements cajoleurs envoûtèrent ses pavillons, de discrets rampements annonciateurs d’accolements fiévreux coururent souterrains vers l’aval de son ventre, d’équivoques silhouettes s’animèrent sur l’écran constellé de son rêve.

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En vérité, deux serpentines saillirent du sable, se hissèrent sus à lui, se déployèrent, le cernèrent, se le conjoignirent.

Il les sentit qui ondulaient, sapides, rapides, musquées, fauves, insidieuses, annelées, parées de cercles d’argent à l’harmonieux cliquetis.

Alors en anhélant il les héla d’un murmure muet, les appela à se saisir de lui ; il gondola ; elles sinuèrent.

Pantelant il houlait là, oh la oh la oh la, au rythme discret du ressac, sous le souffle ardent des mandragores aux anneaux d’or.

La vaguelette sur la grève allait, venait, allait, venait...

Il eut conscience que l’une lui décroisait lentement les bras, immobilisait sa poitrine sous l’irréductible conglutination de son corps flexueux, insufflait dans sa bouche le nectar vénéneux de sa gueule exotique et le paralysait au curare de sa maligne haleine.

Il s’éleva, de plus en plus haut, de plus en plus vite, et se perdit se dispersa en myriades de gouttes d’étoiles dans les espaces intergalactiques.

Sic itur ad astra ...

Jean émergea lentement de sa profonde léthargie, et puis brusquement s’ébroua puis d’un prompt coup de rein s’assit.

Déjà le clair de jour s’esquissait au-dessus des villas, émergeant du ventre du continent.

Deux formes noires s’évanouissaient fantomatiques à vifs mouvements sinusoïdaux vers le sud de la plage.

Jean se frotta les yeux chassieux d’un doigt perplexe.

Pris brusquement d’un doute horrifiant il regarda dans son dos.

De son frusquin sur le sable serein ne se voyait plus qu’une lisse empreinte près de son pantalon en boule et de sa chemisette froissée, seuls biens qu’on avait délaissés lors de la mise à sac.

Il glapit grotesquement, sauta sur ses pieds nus, fusa vers les nixes qu’il supposa être les prédatrices, bientôt imité par ses camarades de régiment, dont le bagage s’était fait tout mêmement la malle avec les véloces filles de l’air.

Ils pouvaient toujours courir ! Qui donc a jamais pu attraper un djinn ?

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